Marie - Chapitre IV — Le ventre lourd et la peur


 

Automne 1873

Marie compte les semaines.
Elle ne dort plus.
Clément vient de moins en moins.
Un soir, elle ose :
Et si je te disais que j’attends un enfant ?
Silence.
Il regarde ses mains, puis le sol.
Je ne peux pas, Marie. J’ai une femme. Des enfants. Si ça se sait…
Et moi ?
Je t’aiderai. Je trouverai quelqu’un. Un mari, peut-être.

Elle s’écroule sur une chaise.
Le vent siffle entre les volets.


Quelques semaines plus tard, une voisine lui parle d’un compatriote, Jean, marchand de vin, sans enfants.
Marie accepte de le rencontrer.
Il est poli, un peu maladroit.
Je viens de Boudoux, dans les Bouches-du-Rhône. On dit que vous êtes du Tarn ?
Oui.
On ne peut pas vivre seuls dans ce monde, vous savez.
Elle sourit à peine.
Elle pense à l’enfant qu’elle porte, à la honte, à sa mère qui ne doit jamais savoir.


Chapitre V — Le mariage de février

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