Marie - Chapitre II — La ville du vent et du sel
Marseille, 1872
Quand le train s’arrête, le vent du port la gifle.
Elle ne connaît personne.
Autour d’elle, les cris des portefaix, les charrettes, les marins.
Les mouettes tournent au-dessus des cheminées.
Elle serre contre elle son baluchon.
— Première fois à Marseille, ma fille ? demande un homme en blouse grise.
— Oui.
— Alors garde ton sac, ici, on a vite fait de te le voler.
Elle marche jusqu’au cours Lieutaud, quartier neuf qui sent encore la chaux et le goudron.
Une dame l’attend sur le seuil d’un immeuble : robe noire, col de dentelle, air sévère.
— C’est vous, Marie ?
— Oui, madame.
— Vous serez à la cuisine. On dîne à sept heures, pas une minute plus tard.
Le soir, Marie découvre la chaleur de la cuisine au gaz, les casseroles suspendues, les odeurs de vin et d’ail.
Elle coupe, lave, range, jusqu’à ce que la dame lui dise :
— Allez dormir. Demain, vous commencerez à six heures.
Sa chambre est minuscule, sous les toits.
De la fenêtre, elle voit les lumières du port et la rumeur de la ville.
Elle ne sait pas encore qu’ici, tout va basculer.
Chapitre III — L’homme de la rue Sainte-Thérèse

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