Marie - Chapitre III — L’homme de la rue Sainte-Thérèse



Un matin, en allant chercher du pain, elle croise un homme penché sur un portail, un tablier de cuir, les mains couvertes de sciure.

Attention, mademoiselle, la planche est lourde !
Il sourit, les yeux clairs.
Vous venez du nord, non ? Vous avez l’accent du Tarn.
Et vous ?
Monteux, Vaucluse. Pas si loin.

Les jours passent, et elle le revoit souvent.
Il s’appelle Clément. Il travaille dans un petit atelier de menuiserie au 10 rue Sainte-Thérèse.
Un jour, il lui offre un morceau de bois sculpté : une colombe.
Pour te porter bonheur.
Je n’ai pas de place pour la garder.
Alors mets-la dans ton cœur, ça prend moins de place.

Elle rit. Mais le soir, elle la cache dans sa poche.


Les semaines deviennent des mois.
Les regards se prolongent, les gestes se frôlent.
Et un soir, sous la pluie, il l’attend à la sortie de la maison.
Je voulais te parler.
Ce n’est pas raisonnable, Clément.
Je sais.
Tu es marié.
Oui. Mais je ne peux plus t’oublier.

Le tonnerre gronde au-dessus des toits.
Elle baisse la tête.
Moi non plus.

Ce soir-là, tout commence — et tout se perd.


Chapitre IV — Le ventre lourd et la peur

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