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Meriem

Meriem - La femme du jardinier

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  Mostaganem, 1842. Meriem, seize ans, fille du vent et de la mer, rencontre Jacques, un jardinier français venu de Montélimar. Leur amour défie les frontières, les langues et les regards. Ensemble, ils bâtissent un foyer dans une petite maison battue par le vent. Trois enfants naissent. Puis Jacques meurt, la laissant seule, enceinte du quatrième. Chassée de leur maison, Meriem part pour Mascara, puis pour Alger. Elle y rencontrera un autre Jacques, le boucher, et refera sa vie. Inspiré d’une histoire vraie, ce roman retrace le destin bouleversant d’une femme libre avant l’heure — fille du vent, mère des deux rives. 📜 Sommaire du récit Le vent de Matamore — La rencontre Mostaganem, 1842. Une jeune fille berbère croise le chemin d’un jardinier français. La maison du vent — L’amour et le foyer Dans la petite baraque du plateau, naissent les premiers enfants. La route de Mascara — La fuite Après la mort de Jacques, Meriem quitte Mostaganem avec ses enfants...

Joséphine - Chapitre 8 — Sous le soleil de Mustapha

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Les années passèrent, légères et dorées comme la poussière qui flottait dans les rues de Mustapha . La petite maison blanche de Joséphine et Jean dominait la mer. Chaque matin, le soleil s’y glissait sans frapper, inondant la pièce d’une clarté chaude. Les volets s’ouvraient sur un jardin minuscule où poussaient des géraniums, quelques vignes maigres et un citronnier tordu. Les deux fillettes grandirent là, sous le regard aimant de leurs parents. Eugénie , l’aînée, fine et sérieuse, portait déjà dans ses yeux clairs quelque chose de sa mère : la douceur mêlée à une certaine mélancolie. Joséphine , sa cadette, vive, rieuse, plus téméraire, courait toujours pieds nus sur les dalles brûlantes, les cheveux emmêlés par le vent du large. Le matin, on les voyait descendre jusqu’à la fontaine avec un seau chacune, bavardant, riant, se disputant pour un rien. Les voisins les appelaient “ les petites d’Alsace ”, parce que leur père, dans un mélange de fierté et de nostalgie, racontait so...

Marie - Chapitre VIII — Le fils

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 Septembre 1875 La chaleur d’été n’en finit pas. Dans l’arrière-boutique, on a posé une bassine d’eau et des draps propres. La sage-femme du quartier arrive avec un panier de linge plié. — Respirez, maintenant. Voilà. J’y suis. Ça vient. — Jean , halète Marie. — Je suis là , dit-il, blême et transpirant. Tu peux me broyer la main, vas-y. — Ferme la boutique , souffle-t-elle. — C’est déjà fait. Un cri neuf fend l’air, franc comme une lame qui trouve son chemin. — C’est un garçon , sourit la sage-femme. Un beau garçon. Elle pose l’enfant contre la peau de Marie. La tête ronde cherche, trouve. — Il va vivre, celui-là , souffle Jean, comme une prière. Il va vivre. — Comment on l’appelle ? Marie regarde la fenêtre, le rectangle de ciel, la poussière qui danse. — Étienne , dit-elle. Pour marcher. Pour tenir debout. — Étienne , répète Jean, heureux comme un enfant. Les jours suivants, la boutique sent le vin, les tonneaux, et le lait. Marie apprend la fatigue heureuse qui e...

Marie - Chapitre IX — La chute et la mer

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  1877 L’hiver a laissé des dettes. Les clients paient en retard, les tonneaux ont tourné, et un mauvais lot de vin gâte les affaires. Les chiffres s’empilent sur les colonnes du registre, rouges au lieu d’être noirs. — On peut encore tenir jusqu’à la Saint-Jean , dit Jean, sans y croire. — On pourrait vendre l’arrière-salle , propose Marie. — Et on couche où ? Sur les tonneaux ? Ils rient tristement. Une lettre du tribunal claque comme une gifle : faillite . Jean s’assied, le dos contre la porte, et regarde Étienne qui pousse une charrette en bois de fortune. — Je n’ai pas su , murmure-t-il. — Tu as essayé , dit Marie. C’est déjà beaucoup. Le soir même, un voisin entre sans frapper. C’est le coiffeur de la rue Lafayette, celui qui signe sur les papiers quand il faut un nom. Il parle bas. — Il y a des départs, vous savez. Des familles qui s’embarquent. Pour l’Algérie. On dit qu’on y recommence tout. — Tout recommencer ? répète Jean. — On n’a plus rien à perdre , répon...

🌾 Les silences de Marie

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  🌾 Les silences de Marie Roman historique inspiré de faits réels « On ne part pas pour fuir. On part pour ne pas mourir là où l’on n’a plus rien à espérer. » Dans les collines du Tarn, au milieu du XIXᵉ siècle, naît Marie, fille de cultivateurs et cinquième d’une fratrie de neuf enfants. Lorsque sa sœur Joséphine meurt à dix-huit ans, Marie comprend qu’elle ne veut pas subir le même destin : vivre et mourir dans la même terre. Elle quitte tout pour Marseille — la ville du vent, du sel et des promesses. Cuisinière dans une maison bourgeoise du cours Lieutaud, elle découvre la liberté… et l’amour interdit d’un artisan marié. De cette relation naît un secret qu’elle devra cacher jusqu’à l’exil : une grossesse, un mariage de convenance, un enfant confié à une nourrice, un deuil muet. Mais la vie de Marie ne s’arrête pas là. À travers la honte, la perte et le courage, elle trace sa route, élève son fils et, des années plus tard, embarque vers l’Algérie — non pour fuir, mais pou...

Marie - Épilogue — La lumière blanche

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  (Années plus tard, Alger) L’après-midi chauffe doucement les murs blanchis à la chaux. Marie s’assoit devant la fenêtre ouverte. En bas, un vendeur ambulant chante d’une voix ronde. Étienne, devenu homme, porte une casquette de mécanicien et des mains d’huile et de sel. — M’man, je passe au port , lance-t-il. Je rentre avant la nuit. — Mange quelque chose , répond-elle. Tu deviens plus mince que ton ombre. — Je mangerai là-bas. Il claque la porte en riant. La pièce retrouve son calme. Marie ouvre un tiroir, sort une enveloppe vieille comme une branche sèche. La lettre de Savournon est toujours là. Elle la touche sans l’ouvrir, comme on poserait la main sur une pierre chaude. Puis elle saisit le petit oiseau de bois. Les ailes, à force d’être caressées, sont devenues lustrées comme du miel. — Je ne suis pas morte là-bas, Joséphine , murmure-t-elle, les yeux fermés. Je suis venue jusqu’ici, tu vois ? Le vent du large entre et soulève un coin du rideau. Au loin, la mer roule...

Marie - Chapitre VII — La lettre de Savournon

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  Marseille, février 1875 Le matin est gris et froid. Dans la boutique, Jean essuie le comptoir. Il a replié les registres trop tôt, par superstition. Marie revient du marché, les mains rougies par le froid, un panier de poireaux contre la hanche. — Tu es en avance , dit Jean. — Il n’y avait plus d’ail au prix d’hier , répond-elle, posant le panier. — On s’arrangera. On frappe à la porte. Le facteur tend une enveloppe brune, scellée d’un cachet grossier. Marie sent immédiatement que quelque chose va se briser. — C’est pour vous, madame , dit l’homme. — Merci. Elle ne bouge pas. La lettre pèse plus lourd que sa main. — Lis , souffla Jean. Je suis là. Elle déchire le bord, lentement. Les mots tremblent devant ses yeux : “Nous vous informons du décès de l’enfant, dite Clémentine, placée en nourrice à Savournon, le neuf février mil huit cent soixante-quinze…” Le papier glisse, frappe le sol. — Non , murmure-t-elle. Jean ramasse la lettre, lit jusqu’au bout, sans voix. — O...

Marie - Chapitre VI — La maison d’accouchement du boulevard Dahdah

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  1ᵉʳ juillet 1874 Le soleil tape sur la ville. Marie entre dans une grande bâtisse : 43 boulevard Dahdah . La sage-femme, en tablier blanc, l’accueille d’un ton doux. — Ne vous inquiétez pas, madame. Ici, on prend soin de tout le monde. Dans la chambre, elle entend d’autres cris, d’autres femmes. Quand l’enfant paraît, la sage-femme sourit : — C’est une fille. Marie ferme les yeux. — Clémentine , murmure-t-elle. Quelques jours plus tard, on lui apporte des papiers. “L’enfant sera confié à une nourrice, dans les Hautes-Alpes. C’est plus sûr, madame.” Elle signe, la main tremblante. Un fiacre passe, la porte claque. Le berceau est vide. Chapitre VII — La lettre de Savournon