Joséphine - Chapitre 8 — Sous le soleil de Mustapha
Les années passèrent, légères et dorées comme la poussière qui flottait dans les rues de Mustapha . La petite maison blanche de Joséphine et Jean dominait la mer. Chaque matin, le soleil s’y glissait sans frapper, inondant la pièce d’une clarté chaude. Les volets s’ouvraient sur un jardin minuscule où poussaient des géraniums, quelques vignes maigres et un citronnier tordu. Les deux fillettes grandirent là, sous le regard aimant de leurs parents. Eugénie , l’aînée, fine et sérieuse, portait déjà dans ses yeux clairs quelque chose de sa mère : la douceur mêlée à une certaine mélancolie. Joséphine , sa cadette, vive, rieuse, plus téméraire, courait toujours pieds nus sur les dalles brûlantes, les cheveux emmêlés par le vent du large. Le matin, on les voyait descendre jusqu’à la fontaine avec un seau chacune, bavardant, riant, se disputant pour un rien. Les voisins les appelaient “ les petites d’Alsace ”, parce que leur père, dans un mélange de fierté et de nostalgie, racontait so...